l faut sauver Copenhague: c’est, en substance, la mission des chefs d’Etat qui vont se retrouver à New York, mardi 22septembre, puis à Pittsburgh, les 24 et 25. Alors que la négociation sur le changement climatique – qui doit conduire à un accord international à Copenhague, en décembre – s’est embourbée durant l’année 2009, les réunions américaines pourraient aider à débloquer la situation.
Les chefs d’Etat des pays de l’Organisation des nations unies (ONU) se retrouvent, mardi, pour un sommet sur le climat convoqué par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, la veille de la traditionnelle ouverture de l’Assemblée générale. M.Ban Ki-moon n’a cessé de souligner, depuis un an, la gravité du changement climatique: «Notre pied est bloqué sur l’accélérateur et nous nous dirigeons tout droit vers un abîme», a-t-il ainsi déclaré le 3septembre.
Les responsables des pays du G20 se retrouveront ensuite à Pittsburgh. La situation économique sera au centre des discussions, mais la question du climat est aussi à l’agenda. La négociation climatique s’est crispée sur un clivage Nord-Sud lors de la réunion de Bonn, en août. Les pays émergents reprochent aux pays riches des objectifs de réduction insuffisants, et de mégoter sur le financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays pauvres. Les pays riches répondent en demandant que les pays émergents, devenus d’importants émetteurs de gaz à effet de serre, s’engagent à les limiter dans l’avenir.
«LES CHANCES QUE LA LOI SOIT ADOPTÉE AVANT COPENHAGUE SONT PROCHES DE ZÉRO».
La situation semble d’autant plus délicate que les Etats-Unis sont peu mobiles: Barack Obama ne veut pas prendre d’engagement dépassant ce que le Sénat pourrait accepter. Or son projet de loi sur le changement climatique patine au Congrès. Selon Eileen Claussen, présidente du Pew Center, un influent think tank sur le climat, basé à Washington, «les chances que la loi sur le climat soit adoptée avant l’ouverture de la conférence de Copenhague sont proches de zéro».
Mais plusieurs événements ont montré que le blocage n’est pas irrémédiable. D’une part, le nouveau premier ministre japonais Yukio Hatoyama a annoncé, lundi 7septembre, que le Japon allait tenter de réduire de 25% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 par rapport à 1990, revoyant à la hausse l’objectif du gouvernement sortant. D’autre part, les chefs d’Etat européens ont envoyé un signal positif sur le financement, lors de leur sommet informel le 17septembre: le texte qu’ils ont adopté indique que «la Commission européenne estime que les besoins financiers durant la période 2010-2012 sont d’environ 5 à 7milliards d’euros par an, avant même la mise en place d’une nouvelle architecture financière lors d’un traité de Copenhague».
LES EUROPÉENS SONT PRÊTS À AVANCER
Le même texte cite aussi le chiffre de 100milliards d’euros par an à partir de 2020. Mais la position européenne suppose un engagement des pays émergents: «Tous les pays, sauf les moins développés, devraient contribuer au financement du combat contre le changement climatique.» Et, le 18septembre, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont placé une nouvelle carte sur la table, en jugeant, dans une lettre cosignée adressée à Ban Ki-moon, qu’«il doit être possible de mettre en place des mesures d’ajustement appropriées visant les pays qui ne respecteraient pas cet accord ou n’en seraient pas partie». Autrement dit, les Européens sont prêts à avancer. Et même s’il n’y a pas accord, ils mèneront des actions chez eux – mais instaureront une taxe carbone aux frontières.
La Chine devrait aussi bouger: selon Xie Zhenhua, le principal négociateur sur le climat de ce pays, le président Hu Jintao présentera, mardi à l’ONU, les nouvelles politiques que compte adopter Pékin contre le changement climatique. De manière plus discrète, le Forum des économies majeures, qui a réuni à Washington, les 17 et 18 septembre les ministres de l’environnement des quinze Etats les plus importants de la planète, a aussi avancé. D’une part, l’idée d’un «registre» des actions menées par les pays en développement a progressé. Lister les actions, c’est le premier pas vers une forme d’engagement de limitation des émissions.
D’autre part, le concept de «plates-formes technologiques» se dessine aussi: un ou deux pays serviraient de pilotes pour des partenariats globaux sur des secteurs spécifiques. Plusieurs de ceux-ci ont été spécifiés, tels les énergies solaire et éolienne (avec l’Allemagne et l’Espagne comme pilotes), les agrocarburants (Brésil), les réseaux électriques intelligents (Italie et Chine), les véhicules (France et Canada), la séquestration du CO2 (Royaume-Uni et Australie), l’efficacité énergétique, le charbon, etc. Manière, là aussi, de valoriser et de partager les solutions.