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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 17:53
http://jmph.blog.lemonde.fr/files/2008/05/francois-begaudeau-dans-entre-les-murs-de-laurent-cantet.1211787146.jpg

ON SE FAIT UNE SORTIE CINE MARDI?



Entre les murs

Entre les murs

  
AVANT PREMIERE
   mardi 23 septembre 20H10
                  au MEGA CGR LANESTER

Comédie dramatique (2h 8min)

Une année de la vie d'une classe de 4ème dans un collège dit difficile vue à travers les yeux de François, un jeune professeur de français qui aime aller chercher ses élèves là où ça fait mal pour les stimuler.
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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 17:41

On savait depuis longtemps qu’avec ses 1 400 milliards de dollars de réserve, la Chine avait largement financé le déficit américain (et donc ses dépenses de guerre). On savait également que les fonds souverains (1), qu’elle gère plus ou moins directement, étaient allés prêter main forte à plusieurs établissements financiers américains, dont la banque d’affaire Morgan Stanley (5 milliards de dollars) ou Blackstone (3 milliards — lire « Des “fonds souverains” au chevet des multinationales », par Ibrahim Warde, Le Monde diplomatique, mai 2008)... Histoire de montrer au monde en général, et aux Etats-Unis en particulier, qu’il faudrait désormais compter avec le dragon chinois.

Ce que l’on sait moins, c’est que le gouvernement de M. George W. Bush lui a enlevé une belle épine financière du pied en nationalisant les deux géants du refinancement des crédits hypothécaires, Fannie Mae et Freddie Mac. En effet, parmi les débiteurs de ces agences, figurait la Chine, à hauteur de 395,9 milliards de dollars — pas une bagatelle. Or, le renflouement des deux sœurs lui garantit ses fonds : les contribuables américains paieront. Pékin a donc dû pousser un « ouf » de soulagement. Dans la foulée, l’agence Chine nouvelle a salué publiquement l’initiative. Certes, le choix de l’administration américaine s’explique sans doute davantage par la peur de voir le château de cartes financier s’écrouler, entraînant des faillites en chaîne, que par la volonté de plaire à Pékin. Toutefois, le besoin de rassurer l’un des plus gros acheteurs de bons du Trésor américain n’est sans doute pas absent des préoccupations de Washington. Dans la guerre des puissances qui est la marque du nouvel ordre mondial, la compétition n’exclut pas la coopération.

Soyons juste, Pékin n’est pas le seul bénéficiaire de la manne publique américaine : on trouve également le Japon, engagé à hauteur de 228,2 millions de dollars ; la Russie, pour 75,3 milliards ; la Corée du Sud, pour 63 milliards ; Taïwan, pour 54,9 milliards (lire « Stocks Soar on Takeover Plan for Freddie and Fannie », The New York Times, 9 septembre 2008).

Telle est la réalité : pendant que M. Robert Gates, secrétaire américain à la défense, et Mme Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat, multipliaient les déclarations vengeresses et les menaces à l’encontre de la Russie après le conflit avec la Géorgie, les affaires financières se menaient rondement « au mieux des intérêts de chacun ». En fait, tout le monde tient tout le monde !

On peut également noter, dans le sillage du quotidien Les Echos, que certains financiers se remplissent les coffres-forts au passage : « John Paulson, qui n’a aucun lien de parenté avec le secrétaire au Trésor américain, a empoché personnellement 3,7 milliards de dollars en pariant sur l’éclatement de la bulle immobilière. Les encours des fonds de cet ancien banquier de Bear Stearns sont ainsi passés de 7 à 28 milliards de dollars cette année. De même, Greenlight Capital a longtemps parié sur la chute du cours de Lehman Brothers. Les investisseurs institutionnels plus classiques comme Pimco adoptent parfois des stratégies similaires. Son gérant vedette, Bill Gross, a dégagé 1,7 milliard de dollars de plus-values en misant sur le sauvetage de Freddie Mac et de Fannie Mae par Washington. » (« Neuf questions sur une crise complexe qui n’en finit pas », Les Echos, 16 septembre). Les familles pauvres, elles, vont se retrouver à la rue…

Si Pékin peut avoir le sentiment — légitime — d’avoir échappé au pire avec Freddie Mac et Fanny Mae, les critiques internes commencent à fuser. D’abord, dans la population, où les moins pauvres mettent de l’argent de côté en raison de la faiblesse des pensions de retraite et de l’assurance maladie (d’où le niveau exceptionnellement haut du taux d’épargne chinois) et découvrent les joies de l’économie-casino. Les Bourses de Hongkong et de Shanghai dévissent à vive allure et les familles épargnantes se tournent vers… le gouvernement.

Au cœur même des institutions financières, les choix sont contestés. Ainsi, au sein de China Investment Corp, le plus vieux fonds souverain, nombre de critiques font remarquer « qu’il est peu avisé d’avoir consacré une part de ses 200 milliards de réserves à acheter des sociétés financières américaines au moment où le marché financier de la Chine est au bord de la chute libre » (lire Chip Cummins, Jason Dean et Evan Ramstad, « Sovereing funds choose to wait », Wall Street Journal, 16 septembre).

Comme le précise Ji Zhu, un économiste de l’Université de Pékin, « investir dans une entreprise en espérant que vous pourrez échapper au pire de la crise est une illusion. Si ce n’est pas Lehman Brothers qui a un problème, ce sera une autre ». Le diagnostic est juste. La crise est profonde (Le Monde diplomatique publiera un article d’Ibrahim Warde sur le système financier américain ainsi que d’autres analyses dans son numéro d’octobre, en vente à partir du 28 septembre). Pour l’heure, les autorités chinoises sont restées muettes. Inquiètes devant le risque de ralentissement économique et la hausse du chômage, elles ont néanmoins baissé les taux d’intérêts pour la première fois depuis quatre ans, et réduit les réserves obligatoires pour les petits établissements bancaires.





 (1)Un fonds souverain (sovereign wealth funds), ou fonds d’État, est un fonds de placements financiers (actions, obligations,etc.) détenu par un État. Les fonds souverains gèrent l'épargne nationale et l'investissent dans des placements variés (actions, obligations, immobilier, etc.). Dans une acception restreinte, ils désignent spécifiquement « les avoirs des Etats en monnaie étrangère »[1]. Dans une acception plus large, ils désignent tous les fonds d'investissement détenus par un État[2].

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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 17:35
"Il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas perdre les privilèges acquis sous des gouvernements factices, et qui vont chercher à tout prix à empêcher que ce gouvernement réalise les changements de façon pacifique et transparente", affirme Fernando Lugo. | REUTERS/STR
REUTERS/STR
"Il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas perdre les privilèges acquis sous des gouvernements factices, et qui vont chercher à tout prix à empêcher que ce gouvernement réalise les changements de façon pacifique et transparente", affirme Fernando Lugo.



LE MONDE | 18.09.08 | 13h51  •  Mis à jour le 18.09.08 | 17h04
ASUNCION ENVOYÉE SPÉCIALE

a lutte contre la pauvreté passe par la lutte contre la corruption", affirme Fernando Lugo, investi, le 15 août, président du Paraguay. "Nous avons hérité d'un pays dévasté où tout le tissu institutionnel est corrompu. Mon principal objectif est de baisser progressivement l'indice de corruption pour garantir l'institutionnalité de la République, pour que le Paraguay soit à nouveau crédible dans le monde et attire les investisseurs", ajoute le chef de l'Etat dans un entretien au Monde.
vDans la luxueuse résidence présidentielle, l'ancien "évêque des pauvres" s'est aménagé un petit bureau austère : une table et quelques chaises. Vêtu d'une chemise blanche, chaussé de sandales, il a gardé des allures de prêtre. Il ne perd pas sa sérénité quand on évoque un plan de déstabilisation de son gouvernement, qu'il a dénoncé dès le début de son mandat : "Il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas perdre les privilèges acquis sous des gouvernements factices, et qui vont chercher à tout prix à empêcher que ce gouvernement réalise les changements de façon pacifique et transparente", affirme-t-il.

Pour lui, la lutte contre la corruption "est une tâche difficile, mais pas impossible". "Les citoyens qui m'ont élu le 20 avril, poursuit-il, se sont prononcés pour le changement. Ils sont las de l'hypocrisie et des mensonges. Je veux les tenir informés et m'appuyer sur ce soutien populaire."

M. Lugo donne en exemple la récente publication d'une liste de centaines de personnes ayant acquis 8 millions d'hectares de terres de façon irrégulière pendant la dictature du général Alfredo Stroessner (1954-1989) et depuis le retour de la démocratie. Il cite les scandales de contrebande, portant sur plusieurs millions de dollars, révélés au sein de la douane et de l'administration des ports, qui ont abouti à l'arrestation de plusieurs fonctionnaires et provoqué un choc au sein de la population.

A Asuncion, beaucoup se demandent si le "modèle" du président paraguayen est le polémique Hugo Chavez, le chef de l'Etat vénézuélien, ou le modéré Luiz Inacio Lula da Silva, son homologue brésilien. L'influent quotidien ABC, qui a fait campagne en faveur de Fernando Lugo, l'accuse aujourd'hui d'avoir des relations trop étroites avec Caracas, et dénonce "un plan d'infiltration de Chavez au Paraguay". L'ancien évêque prend ses distances : "Nous venons de signer douze accords avec Caracas en matière d'énergie, d'éducation et de santé, qui ratifient des accords signés en 2004", explique-t-il. Il se dit "différent de Chavez", qu'il qualifie de "personnalité intéressante et très médiatique". "Il parle beaucoup, et n'a pas la prudence des hommes de religion", ajoute en riant l'ancien évêque. Il note qu'"indépendamment de Chavez, le Venezuela est un pays important pour l'équilibre de la région et pour ses richesses énergétiques".

M. Lugo souligne que le principal partenaire du Paraguay reste le Brésil, où il effectuera sa première visite officielle à l'étranger, le 17 septembre. Les relations entre Brasilia et Asuncion sont toutefois mises à l'épreuve sur le dossier énergétique. La revendication de la "souveraineté énergétique du Paraguay" a été l'un des principaux thèmes de sa campagne électorale. M. Lugo réclame une révision du traité qui régit la centrale hydroélectrique d'Itaipu, que le Paraguay partage avec le Brésil. Les Paraguayens consomment à peine 12 % de l'énergie produite, mais sont dans l'obligation de vendre leur excédent aux Brésiliens à un prix bien inférieur à celui du marché.

"L'énergie d'Itaipu a favorisé le développement de l'industrie brésilienne, particulièrement celle de Sao Paulo. Il est temps pour les Paraguayens de réclamer un prix juste pour leur énergie, c'est-à-dire le prix du marché", soutient Fernando Lugo. Le président Lula a affirmé qu'il n'y aurait pas de renégociation du traité signé en 1973. M. Lugo avance que "des discussions ont déjà eu lieu entre Asuncion et Brasilia et que le gouvernement de Lula est ouvert au dialogue". "Il n'est pas question de nous contenter de compensations financières. Nous ne voulons pas de cadeaux, mais un prix juste pour notre énergie", répète-t-il. "Nous allons épuiser toutes les instances de dialogue. Un recours à des tribunaux internationaux est seulement une hypothèse", précise M. Lugo. Il rappelle qu'Asuncion formule les mêmes exigences vis-à-vis de Buenos Aires à propos de la centrale de Yacyreta, que le Paraguay partage avec l'Argentine.

M. Lugo a aussi promis une réforme agraire "intégrale". "Le Paraguay doit renouer avec la légalité, dit-il : les terres qui ont été acquises illégalement doivent être récupérées et redistribuées." Il explique que "cette réforme se fera moyennant un dialogue entre les différents secteurs concernés : les paysans sans terre, les organismes publics, les techniciens et les grands propriétaires terriens". Quand on lui objecte la probable réticence des oligarques et des multinationales qui détiennent la majorité des terres cultivables, M. Lugo rétorque que "personne ne peut s'opposer à des arguments rationnels". "Nous avons promis une démocratie participative avec l'aide de tous les citoyens. Nous connaissons l'expérience d'autres pays en matière de réforme agraire, et nous savons que c'est un processus long et difficile. Il n'y a pas de recette miraculeuse pour faire des changements structurels. Les changements seront progressifs", conclut-il.


Christine Legrand
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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 17:30
LE MONDE | 18.09.08 |

es références à la crise de 1929 le prouvent : la planète financière est depuis quelques jours un bateau ivre dont plus personne ne tient le gouvernail. En une semaine, le gouvernement américain a pris deux décisions stupéfiantes : la nationalisation des géants du crédit hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, pour la bagatelle de 200 milliards de dollars, puis le lâchage aussi spectaculaire de la banque d'affaires Lehman Brothers et la nationalisation de l'assureur AIG.
A moins de deux mois de l'élection présidentielle, la nationalisation de Fannie Mae et Freddie Mac était inattendue. Quelques jours auparavant, le secrétaire au Trésor, Hank Paulson, avait indiqué qu'il avait "un bazooka" dans la poche. Chacun en avait conclu qu'il ne souhaitait pas s'en servir. En faisant chuter ces titres en Bourse, les marchés en ont décidé autrement. Cette nationalisation n'est pas aussi illogique qu'elle en a l'air. Elle ne fait que confirmer qu'au royaume de la libre entreprise l'Etat est, contre toute attente, le garant en dernier ressort des crédits immobiliers.

Bien que cotés en Bourse, Fannie et Freddie disposent du statut extravagant de "government sponsored enterprises". A ce titre, elles bénéficient déjà de la garantie de l'Etat. Privatisation des gains et socialisation des pertes : qui dit mieux ? Comme le renflouement de la banque Bear Stearns en avril par le Trésor, la mise sous tutelle de Fannie Mae et Freddie Mac prouve qu'une parenthèse se ferme. Celle ouverte par la formule célèbre de Ronald Reagan en 1981 : "L'Etat n'est pas la solution, mais le problème." Malgré lui, George Bush a démontré plutôt l'inverse. Première leçon de la crise actuelle.

Quel que soit le futur hôte de la Maison Blanche, il devra repenser la réglementation du secteur financier. Au fil des semaines, la crise des subprimes est apparue comme le symptôme des excès de la finance. De l'attaché commercial chargé de vendre des crédits à la consommation à des Américains déjà surendettés au PDG de Wall Street, chacun semblait n'avoir qu'un objectif : s'en mettre plein les poches. Nommé en 2003 à la tête de la banque Merrill Lynch, Stanley O'Neil l'a menée au désastre au point que ce prestigieux établissement de Wall Street s'est fait racheter par Bank of America, dont le siège est au milieu des champs, en Caroline du Nord. Lors de son éviction en octobre 2007, cela ne l'a pas empêché d'empocher un chèque de 160 millions de dollars. Même chose pour Martin Sullivan, directeur général de l'assureur AIG, qui vient d'être nationalisé. Lors de son départ contraint et forcé, en juin, son conseil lui a octroyé 68 millions de dollars. A côté, le patron de Fannie Mae, qui, en juillet, s'est fait voter, alors que ses jours étaient comptés, un parachute doré de 14,1 millions de dollars, fait presque pitié.

Longtemps jugées excessives mais anecdotiques au vu des profits des établissements, ces rémunérations apparaissent aujourd'hui comme une des sources de la crise actuelle. "Les grandes banques d'affaires ont essayé à tout prix d'avoir des rendements très élevés pour justifier les rémunérations excessives des dirigeants. D'où le crédit de trop. Dans l'immobilier ou ailleurs", résume l'économiste Daniel Cohen. Au forum économique mondial de Davos, en janvier, le patron de la banque J.P. Morgan Chase, James Dimon, l'a reconnu : "Dans la finance actuelle, il faut être très courageux pour ne pas prendre un risque qui peut vous rapporter de l'argent." Comment justifier qu'en 2007, malgré la crise des subprimes, les primes accordées par les cinq premières banques américaines à leurs collaborateurs se soient élevées à 66 milliards de dollars ?

Au-delà du système de rémunération, c'est tout le fonctionnement du marché du crédit qui devra être repensé. Le transfert de créances à des investisseurs par le biais de la titrisation n'est pas condamnable en soi. Cette technique a participé à la croissance économique de ces dernières années. Mais quand l'outil devient tellement complexe qu'il accroît le risque au lieu de le réduire, le marché financier ne joue plus son rôle. Aujourd'hui, les autorités monétaires ne sont pas équipées pour contrôler de tels mouvements. Pour Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, il faut "un cadre plus solide pour la surveillance des règles prudentielles des banques d'investissement et des autres grands négociants de titres".

NAVIGATION À VUE

"Nous traversons une crise mondiale en raison de déréglementations excessives", a renchéri Barney Frank, président (démocrate) de la commission des services financiers du Congrès. Davantage de régulation : c'est la deuxième leçon de la crise. Mais il faut se méfier des formules incantatoires. Pour être efficace, la régulation doit échapper à deux écueils : déboucher sur un excès de transparence qui augmenterait la volatilité - un peu comme les résultats trimestriels favorisent le court-termisme - ou sur une complexité accrue propice à encore plus d'innovations financières. Pour maintenant, nul n'a le remède miracle.

Une chose est sûre : les pouvoirs publics auront leur mot à dire. Il y a pourtant des limites à l'intervention publique. Il ne faut pas confondre bazooka et kalachnikov. L'Etat n'est pas disposé à jouer systématiquement les prêteurs en dernier ressort. Il n'en a pas les moyens financiers, et l'opinion ne le suivrait pas. Déjà, John McCain a jugé "nécessaire" mais "scandaleux" le sauvetage de Freddie Mac et Fannie Mae. La banque Lehman Brothers l'a appris à ses dépens.

Jusqu'à ces dernières semaines, les économistes (parfois salariés de banques) expliquaient que les grandes institutions financières étaient "too big to fail". Trop grosses pour échouer. Que leur faillite entraînerait une "crise systémique". Avaient-ils raison ? Hank Paulson semble en douter. A-t-il vraiment le choix ? On dit qu'une centaine de banques régionales sont en difficulté. Dans le cas de Lehman, le risque politique d'une intervention lui est apparu plus grand que le risque économique d'une non-intervention. En revanche, en sauvant AIG, quarante-huit heures plus tard, la Réserve fédérale (qui ne supervise pourtant pas les assurances) a montré que les autorités monétaires naviguent, elles aussi, à vue.

Too big to fail ? La conclusion de cette troisième leçon n'est pas écrite. Il faut espérer que l'histoire se termine bien, car, si l'on peut regretter les excès passés des banques, on aurait tort de se réjouir de leurs difficultés présentes. Tant il est vrai qu'on n'a jamais vu d'économie prospère reposer sur un système financier malade.

 

 

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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 16:51
Vue d'un supermarché.
AFP/MYCHELE DANIAU
L'inflation a contribué à freiner la consommation, selon la Commission européenne, qui estime que les Vingt-sept subissent le double choc suscité par la crise des subprimes et l'envolée du prix des matières premières.
LE MONDE | 10.09.08 |
Bruxelles, bureau européen

a commission européenne vient de revoir fortement à la baisse ses prévisions de croissance pour la France. Elle mise désormais sur une progression du PIB de 1 % cette année contre 1,6 % encore espéré en avril. D'après les chiffres rendus publics mercredi 10 septembre à Bruxelles et qui portent sur les sept principales économies européennes, la croissance française resterait en 2008 en deçà de celle de la zone euro qui serait de 1,3 % (contre 1,7 % prévu en avril). Sur l'ensemble des Vingt-sept, la commission prévoit 1,4 % (contre 2 % voici six mois).

Ces chiffres sont publiés à la veille de la réunion informelle des ministres des finances de l'UE qui doit se tenir à Nice les 12 et 13 septembre. Ils ne manqueront pas de peser sur les débats. La France qui plaide pour une action concertée voit l'écart se creuser avec l'Allemagne pour laquelle les prévisions restent inchangées, à 1,8 %, en raison d'un début d'année très dynamique. La France est encore plus éloignée des performances de la Pologne, la seule des grandes économies de l'Union à voir sa croissance revue à la hausse (à 5,4 %), en dépit des difficultés de ses partenaires européens.

DOUBLE CHOC

L'ampleur de la révision concernant la France est en revanche comparable à celle qui vise l'Espagne (1,4 %, contre 2,2 % en avril), et le Royaume-Uni (1,1 % contre 1,7 %), deux pays très touchés par la crise financière internationale. D'après les services de Joaquin Almunia, le commissaire en charge des Affaires économiques et monétaires, les Vingt-sept subissent désormais de plein fouet le double choc suscité par la crise des subprimes, et l'envolée du prix des matières premières.

Tandis que le prix du pétrole a progressé, en dollars, de 80 % entre juillet 2007 et juillet 2008, l'inflation a contribué à freiner la consommation. L'environnement économique est désormais caractérisé par "un haut degré d'incertitudes", estime la commission, qui constate le "resserrement" des conditions de crédit pour les entreprises, et les particuliers.

Aux yeux des économistes bruxellois, la conjoncture européenne risque de frôler la récession technique – c'est-à-dire deux trimestres consécutifs de recul du PIB – durant la seconde partie de l'année : au troisième trimestre, la croissance devrait rester nulle pour la zone euro comme pour les Vingt-sept, après avoir été négative sur les trois mois précédents.

D'ici à la fin 2008, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne devraient en particulier afficher deux trimestres consécutifs de recul de leur PIB. D'après la commission, la France échapperait en revanche de justesse à cette perspective : après un recul de 0,3 % au deuxième trimestre, son PIB devrait stagner au troisième, puis progresser de 0,1 % au quatrième.

La commission européenne, qui se réjouit de la baisse des prix du pétrole engagée cet été pronostique par ailleurs un recul de l'inflation d'ici à la fin de l'année. Elle pronostique pour la zone euro, un chiffre en rythme annuel de 3,4 % au quatrième trimestre, contre 3,9 % au troisième. En France l'inflation passerait de 3,8 % à 3,3 % entre les deux derniers trimestres de l'année.

L'ensemble de ces prévisions pourrait inciter les ministres des finances des Vingt-sept à mieux coordonner leur réponse à la crise, comme le souhaite la présidence française "Nous devons prendre des mesures aptes à replacer nos économies sur la voie d'une croissance forte et durable, et il n'y pas beaucoup de temps à perdre", a indiqué Joaquin Almunia, en excluant tout plan de relance budgétaire.


Philippe Ricard
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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 16:44
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La décennie Tony Blair

Documentaire (Politique)



 MERCREDI 10 SEPTEMBRE 2008 / 21H00      Voir dans la grille      Rediff.     
LA NOTE DES INTERNAUTES

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ESSENTIEL CRITIQUE VOS AVIS REDIFFUSION FICHE DÉTAILLÉE
RÉSUMÉ

La victoire du New Labour aux élections britanniques générales de 1997 est écrasante. Mais Tony Blair est loin d'avoir le leadership sur son parti et son gouvernement. Plus jeune Premier ministre anglais du XXe siècle, il inaugure un nouveau style d'exercice du pouvoir que les commentateurs qualifient de présidentiel, dans la mesure où il déploie une hyperactivité qui bouscule les traditions. En fait, Tony Blair est en constante concurrence avec Gordon Brown, perçu par la population comme l'autre tête de l'exécutif. Les réformes sont menées au pas de charge au plus près des caméras, de l'indépendance de la banque britannique pour rassurer la City au virage européen ou aux négociations avec l'IRA. Le volontarisme parfois brutal de Tony Blair est pondéré par une communication glamour aux côtés des people du spectacle, du sport et de la musique.
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CRITIQUE TÉLÉRAMA

1T
Documentaire de Paul Mitchell (Grande-Bretagne, 2007). 110 mn. Inédit.

Le génie politique de Tony Blair est né le jour où Diana, la « princesse du peuple », est morte. La gorge serrée par l'émotion, le Premier ministre, élu quelques mois plus tôt, se met au diapason d'un peuple de Grande-Bretagne en deuil lors d'un discours qui fait pleurer dans les chaumières. Le résultat est saisissant : 80 % d'opinions favorables pour le leader travailliste.

Le réalisateur Paul Mitchell était-il encore ... La suite
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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 17:20
lexpress.fr Le PIB a reculé de 0,3% au deuxième trimestre, selon l'Insee. Inflation, consommation, immobilier, production industrielle: tout est réuni pour une récession.

 L'Insee a dévoilé vendredi matin sa première estimation pour la croissance française au 2ème trimestre de l'année. Une douche froide pour le pays et le gouvernement : le PIB aurait reculé de 0,3%. Après une progression de 0,5% au premier trimestre - corrigé à 0,4% par l'Insee - un chiffre positif, même symbolique aurait été accueilli avec soulagement .Le consensus des économmistes tablait d'ailleurs sur une hausse de 0,2%. Désormais, c'est l'inquiétude qui domine car tous les ingrédients sont réunis pour une récession.

Une inflation au plus haut : + 3,6% à fin juillet, c'est le plus haut niveau depuis 17 ans, malgré les soldes d'été. Certes, le reflux du prix du pétrole et la baisse du cours des matières premières (la récolte de céréales a été excellente en France) laissent espérer un tassement de l'inflation d'ici la fin de l'année mais de nouvelles augmentations de prix se profilent sur d'autres fronts : énergie (dès la mi-août), produits d'entretien et cosmétiques dès la rentrée (Henkel, Procter&Gamble et Beiersdorf, le fabricant de Nivéa, ont annoncé des hausses).

Une consommation en berne : principal moteur de la croissance en France ces dernières années, elle pâtit de l'inflation. Comme les salaires n'ont pas suivi le même rythme, les ménages ont restreint leurs dépenses : ils roulent moins, vont moins au restaurant, diffèrent les achats superflus. « Même si les prix baissent, il n'est pas certain que le consommateur le perçoive, prévient Raphaël Berger, directeur adjoint du département consommation du Credoc. C'est la perception qui compte et qui déclenche les comportements ». Or le moral des ménages est au plus bas.

Le dégonflement de la bulle immobilière : en juillet, les prix des logements anciens sont repartis à la baisse (-1,5%) selon la FNAIM. Si les prévisions pour 2008 visent toujours une stabilité du marché par rapport à 2007, c'est une véritable rupture après plusieurs années de très forte hausse.

 Une production industrielle ralentie : elle a reculé de 1,4% au deuxième trimestre de l'année. « Catastrophique, selon l'économiste Marc Touati (Global Equities) : c'est la troisième fois seulement depuis 1993 qu'une si mauvaise performance est enregistrée ». Secteurs les plus touchés : l'automobile, l'agro-alimentaire et les biens d'équipement. Résultat : les spécialistes craignent le retour des charrettes. En juillet, Renault et Saint-Gobain ont déjà annoncé des suppressions d'emplois en Europe dont un millier en France à l'usine de Sandouville pour le constructeur automobile. Et qui dit destruction d'emplois, dit baisse des revenus et donc de la consommation, encore.

Même si techniquement la récession correspond à deux trimestres consécutifs de recul du PIB, le risque est bien là. Pour Marc Touati, ce n'est pas un trou d'air qui s'annonce mais bien une crise comparable à celle de 1993 et qui pourrait durer jusqu'au printemps prochain. D'autant que le reste de l'Europe (Allemagne, Espagne, ...) est aussi frappé par le ralentissement économique. 

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 17:17
Entre deux déplacements à l'étranger, Nicolas Sarkozy était, vendredi 5 septembre, sur le terrain à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) aux Chantiers de l'Atlantique passés sous contrôle coréen.

Dans les ateliers, il devait répéter que la France a besoin d'ouvriers et d'industrie lourde et vanter le volontarisme de l'Etat, décidé à protéger les secteurs stratégiques. Huit jours plus tôt, à Laval (Mayenne), il avait annoncé le lancement du revenu de solidarité active (RSA), financé par une taxation des revenus du capital. Le président se défend donc d'avoir négligé les Français. Mais alors que la récession menace l'Europe, il n'a pas reprécisé sa stratégie économique. Rigueur ou déficits ? Retour des impôts sur les classes moyennes pour financer de nouvelles dépenses sociales ? Volontarisme politique ou laisser-faire ? Son message est brouillé.
A la différence de celui de François Fillon qui, lui, veut réduire les déficits et ne le cache pas, au point que certains se demandent s'il ne cherche pas le clash avec M. Sarkozy. Le premier ministre a réuni ses ministres dès le 18 août et dramatisé la situation en réduisant ses prévisions de croissance à 1 % pour 2008.

"Le président est conscient que les Français sont en attente d'une analyse, d'un cap. Le moment va venir où il s'exprimera", explique au Monde le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant.

Nicolas Sarkozy refuse d'être l'homme de la rigueur, estimant que les cures d'austérité imposées dans le passé n'ont pas eu les effets escomptés. Alors, il fait le gros dos, tablant sur une baisse du pétrole et de l'euro pour lui donner une bouffée d'air. Il estime que le paquet fiscal de l'été 2007 (TEPA) équivaut à une relance budgétaire anticipée : ses effets sont immédiats, alors que le plan de relance espagnol ne fera sentir ses effets que dans plusieurs trimestres. "Nicolas Sarkozy n'est pas pour une politique de rigueur qui serait procyclique dans le mauvais sens (en accentuant le ralentissement) mais il ne propose pas, au-delà de TEPA, de plan de relance supplémentaire", explique M. Guéant.

Pour l'Elysée, la priorité absolue, ce sont les réformes. "Il faut être le plus musclé possible sur le plan économique pour tirer parti de la reprise quand elle se manifestera", poursuit le secrétaire général de l'Elysée. D'où le soutien au plan Borloo avec ses bonus-malus et prêts à taux zéro pour favoriser la croissance verte.

D'où aussi la mise en oeuvre du RSA, censé faire reculer la pauvreté et inciter à la reprise du travail. L'Elysée en assume pleinement le financement : "Les revenus du capital ont augmenté sensiblement plus que les revenus salariaux ces dernières années", estime M. Guéant, en niant qu'il s'agit d'un retour des impôts. Selon lui, depuis l'arrivée de M. Sarkozy au pouvoir, il y a eu "15 milliards d'euros d'allégements nets de prélèvements obligatoires. Cela fait le quart du chemin annoncé par Nicolas Sarkozy sur deux législatures."

Tout cela complique le retour à l'équilibre budgétaire exigé par Bruxelles. "Si l'on reste dans la situation où on est, ce ne sera pas facile de trouver l'équilibre en 2012. Mais c'est l'objectif qui reste poursuivi", lâche M. Guéant. "En 2012, ce sera difficilement zéro", confirme Matignon.

A partir de là, la sensibilité de Nicolas Sarkozy diverge de celle de François Fillon. Le premier compte sur son volontarisme, le second voudrait mener une stratégie plus sincèrement européenne. Le président joue au chat et à la souris avec les règles de la zone euro. La France va frôler en 2008 les 3 % de déficits publics, mais lorsqu'on s'en apercevra, il sera trop tard pour lancer une procédure pour déficit excessif. Et pour 2009, "il sera toujours temps de réagir, quitte à envoyer des prévisions non crédibles", ose un proche de l'Elysée.

Le premier ministre, lui, veut regagner la confiance des Européens et sait qu'elle passe par la vertu budgétaire. "Fillon a pris l'initiative d'européaniser le débat. Son style passe bien à Bruxelles", explique-t-on à Matignon. Paris cherche à obtenir un diagnostic commun lors de la réunion des ministres des finances européens, les 11 et 12 septembre à Nice : la crise est européenne, les problèmes posés par la faiblesse de la croissance supplantent ceux causés par la reprise de l'inflation, même s'il faut éviter une spirale inflation/salaires.

Si ce diagnostic était partagé, un début de réponse commune pourrait s'esquisser, consistant en une baisse des taux et un peu de souplesse budgétaire. Mais pour que ce scénario se réalise, François Fillon estime qu'il faut gagner la confiance des Allemands et de la Bundesbank. Cela implique de ne pas multiplier les demandes fiscales de bonus-malus, induites par le plan Borloo. Conjuguées avec le dossier de la baisse de la TVA dans la restauration, qui coûte 2,5 milliards d'euros, elles risquent de les braquer. Matignon évite aussi de s'en prendre à Jean-Claude Trichet, qui n'a pas baissé les taux de la Banque centrale européenne, jeudi 4 septembre. "François Fillon essaie de promouvoir un dialogue avec les Allemands, mais on ne pourra pas tout leur faire avaler. Il faut choisir", analyse un ministre. Mais choisir, c'est renoncer et Nicolas Sarkozy n'aime pas renoncer.

Arnaud Leparmentier 

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 17:13
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En dépit des menaces de récession qui planent sur la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE), insensible aux pressions politiques, maintient une politique monétaire ultraferme et axée sur la lutte contre l'inflation. Jeudi 4 septembre, Jean-Claude Trichet, son président, a décidé de maintenir à 4,25 % le niveau des taux d'intérêt de la zone euro, laissant entendre qu'aucune baisse du loyer de l'argent, susceptible de relancer l'économie, n'était à l'ordre du jour.

M. Trichet ne minimise pas les effets de la crise. La BCE a d'ailleurs révisé à la baisse ses prévisions de croissance. Elle mise désormais sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,4 % en 2008, contre 1,8 % prévu il y a trois mois et d'à peine 1,2 % en 2009, contre 1,5 % estimé précédemment. Ce pessimisme a fait plonger l'euro à 1,4214 dollar vendredi 5 septembre au matin alors que la monnaie unique s'est échangée jusqu'à 1,60 dollar mi-juillet.

Mais la BCE continue de penser que l'inflation - qui nécessite cette politique monétaire restrictive - est une menace plus nocive et plus inquiétante pour l'économie. Le récent reflux des prix du pétrole devrait certes calmer, à terme, la hausse des prix, mais la BCE ne veut pas baisser la garde. Aujourd'hui à 3,8 %, l'inflation reste au-delà de l'objectif de 2 % qu'elle vise pour 2010. D'ici là, la Banque centrale veut absolument éviter que les prix ne s'emballent via des effets de "second tour". Autrement dit, elle veut éviter que les revendications salariales se multiplient pour compenser les pertes de pouvoir d'achat conduisant les entreprises à relever leurs tarifs, ce qui amènerait à de nouvelles hausses salariales, qui feraient de nouveau monter les prix. "Assurer la stabilité des prix protège le pouvoir d'achat", argue M. Trichet. Notre action "permettra de lutter contre le chômage", ajoute-t-il, jugeant qu'à une période où les entreprises recherchent les économies, ce qui se gagne en salaire se perdra en emplois.

Pour certains économistes, cette rigueur monétaire aura des effets dévastateurs sur la croissance. Mais "M. Trichet assume", note Gilles Moëc, économiste chez Bank of America. La BCE serait prête à accepter un ralentissement économique prononcé pour faire retomber l'inflation. "De toute façon, il est trop tard pour relancer l'économie", estime M. Moëc.

Claire Gatinois
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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 17:03
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1 - Croissance, développement, changement social, de quoi parle-t-on ?

1.1 - Comment définir ces termes ?

  De manière très simple, on peut dire que la croissance économique est l'accroissement sur une longue période des quantités de biens et services produits dans un pays.

Cette quantité de biens et services est mesurée chaque année : on utilise en général pour cela un indicateur que vous connaissez bien, le PIB (produit intérieur brut), c'est-à -dire, schématiquement, la somme des valeurs ajoutées. Quand on le peut, on prend en compte la croissance du PIB par habitant qui est bien plus significative que celle du PIB global.

[N'hésitez pas à  aller voir la notion "valeur ajoutée " dans le chapitre 1 si vous avez besoin de réviser le programme de première. Vous trouverez en bas de cette page des activités vous permettant de vérifier ce que vous savez ou ne savez pas...]

Pour pouvoir comparer la valeur du PIB d'une année sur l'autre et voir si elle augmente, il est nécessaire d'enlever les effets de l'inflation sur la mesure du PIB, c'est-à -dire de le calculer à  prix constants. En effet, comme le PIB est calculé en utilisant les prix des produits, si ce prix augmente, on peut croire que le PIB augmente alors que ce n'est pas vrai réellement.

Le plus souvent, la croissance économique est donc mesurée par le taux de croissance annuel du PIB réel (c'est-à -dire corrigé de l'inflation).
Remarquons que les économistes parlent tellement souvent de la croissance économique qu'ils en viennent à  ne plus parler que de " la croissance " et tout le monde comprend qu'ils veulent parler de la croissance économique !

Enfin, signalons que nous ne nous interrogeons pas ici sur la validité de la mesure de la croissance et sur l'intérêt de la notion elle-même. Nous reviendrons sur ces points, essentiels, dans le chapitre 1. Vous pouvez (et devez !) également vous reporter aux notions du chapitre 1 : vous trouverez en particulier dans la notion " PIB "  un rappel de définition et des développements sur les problèmes posés par sa mesure, ce qui est très important ici puisque c'est l'augmentation du PIB (ou du PIB par habitant) qui est retenue comme indicateur de la croissance économique. 
Liste d'activités:
1.1.2 - Le développement 

 Pour définir le développement, citons François PERROUX, un grand économiste français du 20ème siècle : " le développement est la combinaison des changements sociaux et mentaux d'une population qui la rendent apte à  faire croître cumulativement et durablement, son produit réel global " (in L'économie du XXè siècle, PUG, 1991). Autrement dit, le développement, c'est l'ensemble des changements sociaux et culturels qui rendent possible l'accroissement des quantités produites sur le long terme (c'est-à -dire la croissance économique).

Le développement est donc une notion moins quantifiable que la croissance économique. Parler de développement, c'est se poser des questions sur ce que l'on fait des richesses produites grâce à  la croissance : la santé de la population s'accroît-elle, par exemple (ce qui permettra à  long terme d'avoir une main d'œuvre plus productive, ce qui contribuera à  renforcer la croissance) ? Mesurer le développement est donc difficile. L'ONU a donc construit des indicateurs plus qualitatifs, au premier rang desquels l'I.D.H. (indicateur de développement humain). : il s'agit d'un indicateur synthétique qui prend en compte le niveau de vie (mesuré par le P.I.B. réel par habitant), la durée de vie (mesurée par l'espérance de vie à  la naissance), le niveau de scolarisation (mesuré par 2 indicateurs : le taux brut de scolarisation des jeunes et le taux d'alphabétisation des adultes de plus de 15 ans). On peut citer également l'I.P.H. (indicateur de pauvreté humaine), qui intègre davantage d'éléments que l'I.D.H. (accès à  l'eau potable, part des enfants de 5 ans victimes de malnutrition, etc). 

[N'oubliez pas d'aller consulter la notion "I.D.H ." dans les notions du chapitre 1. Vous y trouverez bien davantage de précisions].

 On parle de changement social pour désigner la transformation durable de l'organisation sociale et de la culture (normes et valeurs, par exemple) d'une société. G.Rocher, dans Introduction à  la sociologie générale (tome 3, le changement social, Le Seuil, 1986), définit le changement social comme "étant toute transformation observable dans le temps, qui affecte d'une manière qui ne soit pas provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire".
Soulignons l'importance de l'aspect collectif du changement social : quand quelques couples ont des enfants sans être mariés, il s'agit d'exceptions sans grande signification ; quand la proportion des enfants nés hors mariage progresse pour atteindre les deux tiers des premières naissances (le premier enfant de chaque femme), ce qui est le cas en France aujourd'hui, c'est l'indicateur d'un réel changement social par exemple.
Dans les deux derniers siècles, le changement social a été d'importance : transformation de la stratification sociale (organisation de la société en groupe sociaux hiérarchisés), urbanisation, bouleversement des valeurs (pensez, par exemple, à  la transformation des croyances religieuses), émancipation des femmes, et on pourrait ajouter bien d'autres exemples.

1.2 - Ces notions sont liées les unes aux autres. 

Nous allons d'abord présenter les liens entre croissance économique et développement, puis nous montrerons à  quel point les changements économiques et les changements sociaux sont interdépendants.

Les deux termes ne sont évidemment pas équivalents. Avec " croissance économique ", nous sommes dans le quantitatif, on mesure ce que les hommes ont réussi à  produire au cours d'une année et on observe l'augmentation de ces quantités produites. Le " développement " inclut  la réflexion sur ce que l'on fait de ce qui est produit et sur les transformations des structures économiques et sociales que la poursuite de la croissance entraîne et implique. En simplifiant,  la croissance, c'est avoir plus ; le développement, c'est être mieux tout en rendant possible la poursuite de la croissance.

  • Il peut y avoir croissance sans développement : dans ce cas, les quantités produites augmentent, mais sans qu'il y ait une amélioration du niveau de vie de la majorité de la population, sans que les structures se transforment de manière à  ce que le fonctionnement de l'économie satisfasse de plus en plus de citoyens du pays. Comment est-ce possible ? Il suffit que la production supplémentaire soit accaparée par une petite minorité (par exemple, grande bourgeoisie ou classe politique au pouvoir) et gaspillée ou consommée en produits de luxe, souvent importés. Mais remarquons que ce type de croissance ne peut durer indéfiniment : à  long terme, la croissance nécessite un changement des structures économiques et sociales sous peine de se bloquer.
  • Il peut y avoir développement sans croissance : dans ce cas, les quantités produites sont stables, mais une répartition différente des richesses produites permet à  plus d'habitants de satisfaire leurs besoins vitaux ou à  l'Etat d'augmenter les consommations collectives profitant à  tous (infrastructures de transport ou de télécommunication, instruction, santé, par exemple).
  • Mais, souvent, il y a croissance et développement à  la fois : les quantités produites augmentent et la société parvient à  utiliser ces richesses pour améliorer le bien-être du plus grand nombre, réduire les inégalités, transformer ses structures de manière à  ce que la croissance économique puisse se poursuivre. Il est évidemment plus facile pour un pays de se développer quand les quantités produites augmentent que quand elles sont stables ou, encore pire, diminuent.

Il est donc difficile d'envisager qu'il y ait croissance à  long terme sans développement. C'est pourquoi nombreux sont les économistes qui ne font pas de réelle différence entre croissance et développement. Vous rencontrerez donc, en particulier dans les documents, les deux mots utilisés à  peu près comme des synonymes. Retenons cependant que produire plus (la croissance économique) ne peut pas être présenté comme l'objectif ultime d'un pays.

Par commodité, on étudie séparément ces trois ordres de changements, notamment les changements économiques et les changements sociaux. Or, il faut bien souligner l'interdépendance de ces phénomènes : ainsi, par exemple, le développement de l'industrie va entraîner le développement de l'urbanisation (les industries se développent dans les villes et les travailleurs habitent là  où ils travaillent) et l'urbanisation va transformer radicalement les genres de vie et les solidarités (à  la campagne, avant l'industrialisation, les solidarités familiale et villageoise sont très fortes et encadrent les individus). Mais ce ne sont pas toujours les changements économiques qui entraînent les changements sociaux : ainsi, par exemple, la volonté d'émancipation des femmes, très liée à  la meilleure scolarisation des filles, va amener le développement de l'emploi féminin à  un moment où, en France, on manquait de main d'œuvre, ce qui est un facteur explicatif de la rapidité de la croissance.

Conclusion

Un des objectifs du programme de terminale est donc de vous amener à  comprendre les relations entre croissance économique, changement social et développement. Nous n'avons fait ici que les effleurer pour les présenter. Dans cette introduction, nous allons encore voir, toujours de manière très schématique, que les rythmes de croissance et de développement ont été très différents selon les époques et les pays. Mais auparavant, nous allons préciser le cadre général dans lequel se produisent ces transformations : elles touchent des sociétés que l'on qualifie de " modernes ", c'est-à -dire marquées par ce que l'on appelle la rationalisation des activités et la montée de l'individualisme.

1.3 - Quelles sont les caractéristiques des sociétés modernes, cadre de la croissance et du développement ? 

On parle de sociétés modernes pour les sociétés qui naissent de la révolution industrielle à  partir du début du 19ème siècle. Mais les ferments de la modernité (ce qui fait advenir la modernité), on les trouve bien avant, par exemple dès le Siècle des Lumières quand commence à  se développer de manière systématique l'esprit scientifique.

Il s'ensuit deux processus essentiels pour caractériser les sociétés modernes : la rationalisation des activités et la montée de l'individualisme.

[Attention à l'orthographe ! rationalisation et rationalité s'écrivent avec un seul " n " alors que rationnel en a deux. Ce n'est pas très rationnel, mais c'est comme ça !]

Dans les sociétés modernes, les comportements des acteurs (en particulier dans le domaine économique, mais pas seulement) sont marqués par une recherche croissante de rationalité. Qu'est-ce que la rationalité ? Pour Max Weber, c'est une des valeurs centrales des sociétés occidentales qui guident les comportements. Elle conduit à adopter des comportements résultant d'un choix raisonné visant à adapter ses moyens d'action à ses buts, indépendamment de la tradition, des croyances collectives ou des passions. Par exemple, cela consiste pour une entreprise à comparer les coûts et les avantages de telle ou telle décision en ne se fondant que sur les critères qui importent à l'entreprise, le profit ou l'image de marque de l'entreprise, par exemple.

La rationalisation, est le processus qui se développe au cours du temps et qui accorde à la rationalité une place de plus en plus grande. Dans les sociétés modernes, la rationalité triomphe. La rationalisation touche notamment le domaine économique avec la recherche du profit, le développement du progrès technique, mais aussi bien des domaines de la vie en société : ainsi, par exemple, lors d'un conflit, la participation active pourra être décidée par chacun en fonction de ce qu'il espère en retirer et de ce qu'il pense y risquer. Ce développement de la rationalité s'accompagne de (et a été rendu possible par) la séparation entre le politique et le religieux qui étaient, dans les sociétés traditionnelles, confondus (en France, par exemple, le roi était " de droit divin "). Le fait que la rationalisation se développe n'empêche pas la persistance d'autres modes de comportement.

La rationalisation des activités a pour conséquence le " désenchantement du monde " ( Max Weber). On entend par là l'idée que tous les phénomènes observables ont une explication scientifique, la magie ou le surnaturel n'expliquant rien : s'il ne pleut pas, ce n'est pas parce que les dieux sont en colère contre les hommes mais parce que l'anticyclone des Açores est placé de telle façon qu'il repousse tous les nuages ailleurs ! Le monde n'est donc plus " enchanté ", c'est-à -dire explicable par la magie.

Il ne faut pas confondre individualisme et égoïsme : l'individualisme désigne le processus par lequel, dans les sociétés modernes, les hommes se dégagent de plus en plus de l'emprise des institutions (famille, caste, religion, etc…) qui, autrefois, réglaient tous leurs comportements. Le résultat de ce mouvement est que chaque individu peut choisir librement son mode de vie, agir comme il l'entend (tant qu'il respecte les lois communes). Il ne faut cependant pas oublier le poids des structures dans la détermination des comportements des individus : vous avez vu en étudiant la socialisation en classe de Première, que nous reproduisons beaucoup de ce qui nous a été transmis. Dans une société moderne, l'individu peut choisir d'être égoïste, mais il peut aussi choisir de ne pas l'être, en fonction de ses valeurs, de l'éducation qu'il a reçue et de sa propre appréciation de la réalité !

Il faut souligner le corollaire de (c'est à  dire l'élément qui va avec) cette place prépondérante accordée à  l'individu :  celui-ci est beaucoup plus seul pour assumer ses choix de vie. Quand la société dicte leurs comportements aux individus, ceux-ci n'ont plus de responsabilité personnelle. Quand c'est l'individu qui décide, il est responsable de ses décisions. Cette solitude peut être parfois difficile à  supporter.

La montée de l'individualisme, si elle donne à  chacun la liberté de choisir sa vie, n'est pas sans poser des problèmes collectifs. Comment la société va-t-elle réussir à  intégrer les individus et à  faire que le ciment social prenne ? Comment va-t-elle assurer la coordination et la régulation des activités économiques ? Comment  va-t-elle garantir à  chacun des individus qui la composent l'exercice et la protection de ses droits ? Enfin, si chacun se pense comme un individu détaché de toutes amarres sociales, comment construire une société démocratique, comment la penser même ? Toutes ces questions vont bien sûr être au cœur de ce que vous allez étudier cette année.

Depuis deux siècles, la croissance économique et le changement social ont bouleversé la physionomie du monde. Cependant, il ne s'agit pas d'un processus linéaire et généralisé : tous les pays ne connaissent pas les mêmes évolutions, toutes les époques ne connaissent pas les mêmes rythmes de croissance. Des inégalités sont apparues ou se sont renforcées, posant aujourd'hui de nombreuses questions. C'est ce que nous allons étudier maintenant.  

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